Environnement Humain

 Meslier, vraiment humain
    Tout au long de sa vie à Etrépigny, Meslier voit les exactions, les injustices, la misère persister dans ses deux villages(1) et aux alentours, ce qui ne peut que le conforter dans l’entreprise  philosophique qu’il s’est fixée pour établir une société plus juste. Pour cela, il doit abattre la religion catholique et le pouvoir royal et féodal qui se sont ligués pour asservir le peuple. Et parfois même cela le fait entrer dans de «saintes » colères lorsque, par exemple, le seigneur d’Etrépigny, arrogant et imbu de ses pouvoirs (il avait droit de haute et moyenne justice) dépasse les limites du supportable, d’où cette véhémence qui transpirent souvent dans ses écrits particulièrement quand il fait allusion aux seigneurs, moines et haut clergé.
    Contre toutes ces injustices et misères, qu’a fait et que pouvait faire Meslier, mis à part son Mémoire incendiaire ?
Jean Meslier, un humaniste
     En humaniste qu’il fut, il tenta de soulager la misère de ses ouailles, plusieurs rapports d’ecclésiastiques(2) et autres, dont Voltaire lui-même, le souligneront après sa mort.
  • Il ne fera se pas payer bien souvent les bénéfices qu’il pouvait tirer de ses offices, ni les bancs de l’église à ses paroissiens et en partie les dîmes.
  • Il dut être très généreux envers les plus déshérités de ses deux paroisses. On l’a dit, la liste de ses biens établie lors de sa succession, diminuée en comparaison de celle de sa dotation en fin de séminaire, en fait état. Et ce n’est pas par négligence  qu’elle le fut, Meslier, était un homme rigoureux et bon administrateur, la tenue de ses registres paroissiaux et ses rapports d’inspection en font état. A propos de son héritage, sa parenté le refusera, il le destinait d’ailleurs à ses paroissiens.
  • Il prit aussi le parti de ses paroissiens contre les brutalités du seigneur Antoine de Toully, ce qui lui valut beaucoup de désagrément vis-à-vis de sa hiérarchie en 1716. L’archevêque de Mailly le convoquera et le réprimandera une première fois à Donchery, puis une deuxième fois en le punissant de deux semaines de retraite au séminaire de Reims. Et ce n’était que pour n’avoir pas recommandé le seigneur d’Etrépigny lors de son prône dominical et d’avoir mal parlé des puissants en chaire… Et si l’archevêque avait pu prévoir le sinistre projet de Mémoire qu’il allait entreprendre…Quelle aurait été la sentence ?…
     Ces remontrances lui firent bien comprendre qu’il ne pouvait rien faire ouvertement de son vivant contre le pouvoir féodal.
Meslier un être sensible
      Autres facettes de l’homme, Meslier les laisse deviner par ses prises de position dans son Mémoire en faveur des plus démunis, mais aussi à propos de l’indissolubilité des mariages, des animaux qu’il jugeait doués de sensibilité et d’intelligence et de la beauté et perfection de la nature. Tout cela dénote de sa grande sensibilité.

 

      Meslier, instruit grâce à ses études au séminaire et à son goût pour les études, a eu l’énergie d’établir un si remarquable traité philosophique, politique et révolutionnaire, c’est parce qu’il fut environné de tout ce contexte de misères du peuple laborieux et avant tout, parce qu’il avait vissé en lui la fibre humaniste.

(1) Le presbytère de Meslier à Etrépigny était situé juste devant l’entrée du château et face à la grande rue du village. De là, il était aux premières loges pour voir les fastueuses allées et venues du seigneur et de ses invités et de l’autre côté la misère des villageois.

(2) Dans le rapport du curé de Mazerny sur le curé Meslier demandé en 17 .. par l’archevêque de Reims on lit :  »       » figurant aux archives de Reims

Y. ANCELIN

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