Rencontre VOLTAIRE-MESLIER
Quand Voltaire retrouve Meslier… chez lui à Ferney.
C’est une agréable nouvelle amusante et piquante à la fois dont nous fait part l’un des amateurs de Jean Meslier qui se trouve être l’initiateur de cet exploit : confronter Meslier et Voltaire à un kilomètre de distance, autant dire, chez Voltaire lui-même.
Voici le message qu’il nous a gentiment envoyé :
̏ Bonjour,
A l’occasion d’une odonymie, la mairie de Prévessin-Moëns où je vis nous a demandé de renommer nos voies. Je vis donc fièrement maintenant … Impasse Jean Meslier.
Moëns est attenant au château de Voltaire, à Ferney-Voltaire, où Voltaire vivait en 1762 quand il publia le testament du curé Meslier.
Voila une anecdote pour témoigner de la reconnaissance, petit à petit, de Meslier.
Bien cordialement ̋
Imaginons un peu le scénario : deux siècles et demi plus tôt, si la rencontre Voltaire-Meslier avait pu se faire, qu’aurait répondu Meslier suite à la publication de Voltaire du « Testament » ou du « Bon Sens du curé Meslier » comme il fut intitulé ?
Si Voltaire et Meslier ont voulu améliorer, chacun à leur manière, le système politique de leur époque et si tous deux ont ardemment critiqué les religions et en particulier la catholique, le reste de leur pensée les oppose à peu près sur tout.
Voltaire a eu le mérite de faire connaître certains propos de Meslier, même si ce ne fut que de manière très limitée et déformée et uniquement sur ses critiques de la religion chrétienne. Il n’en approuvait pas le restant quand il écrivait à D’Alembert : « On a imprimé en Hollande le Testament de Jean Meslier. J’ai frémi d’horreur à la lecture. Le témoignage d’un curé qui, en mourant, demande pardon à Dieu d’avoir enseigné le christianisme, peut mettre un grand poids dans la balance des libertins… »
A noter que Meslier n’a jamais demandé pardon à un quelconque dieu, une entité qu’il niait absolument. De quoi Voltaire a-t-il frémi d’horreur ? Certainement lorsqu’il lisait les attaques de Meslier sur la noblesse et leurs privilèges, lorsque Meslier niait toute intervention divine dans la création, exposait son matérialisme intégral, ses vues politiques sur une société communautaire, et la nécessité d’une révolution pour renverser tous ces régimes monarchiques. De cela, Voltaire, lui le déiste grand bourgeois recherchant les honneurs et qui se hissa jusqu’au titre de gentilhomme ordinaire de la maison du roi, n’en a touché mot à propos de Meslier.
Un tel débat Meslier-Voltaire n’aurait pu aboutir qu’à une impasse.
Et bravo pour l’impasse Jean Meslier à Moëns, commune de Prévessin-Moëns, à un kilomètre du château de Voltaire à Ferney.
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